Voici le soir, le moment où les choses de la pièce deviennent des poignards qui s’enfoncent dans mon âme : des bandes qui m’attendent.
Parfois – livres, tables, chaises, coupe-papier, oreillers, lampes, murs –, je les avais prises pour des poèmes immenses. Mais, vis-à-vis d’elles, je ne suis jamais, d’aucune façon, parvenu à être indépendant.
Mais ce soir, toutes d’accord, elles ont attendu.
Êtes-vous sûres d’être sincères ? Maintenant, je vous quitte.
Si, de loin en loin, mon âme se souviendra de vous, elle croira se mettre à jouer de l’orgue de Barbarie pour faire rire les bonnes et pleurer qui n’est plus.
Le chardonneret mourra de faim : plus personne ne lui donnera du pain trempé.
Frederigo Tozzi, Les Bêtes (traduction de Philippe Di Meo) – éditions José Corti, collection Biophilia